Au sein de la Mutualité Française Isère, le Service de Tutelle œuvre pour favoriser le bien-être et l’autonomie des personnes protégées. Rencontre avec Aurélie Silvestre, Déléguée mandataire judiciaire à la protection des majeurs, et Marie-Laure Capelli, Assistante administrative au Service Mutualiste de Tutelle 3A.
Le Service Mutualiste de Tutelle 3A (Alpes Administration Asat) met en œuvre des mesures de protection (essentiellement de sauvegarde de justice, de curatelle ou de tutelle) afin d’accompagner des majeurs qui, au regard de l’altération de leurs facultés mentales ou physiques, ne sont en plus en mesure de pourvoir seuls à leurs intérêts. C’est dans ce cadre qu’Aurélie Silvestre et Marie-Laure Capelli collaborent étroitement et proposent un suivi personnalisé des bénéficiaires de ces mesures.
En tant qu’assistante Marie-Laure Capelli suit les dossiers de deux déléguées mandataires, dont Aurélie Silvestre. Elle assure l’accueil téléphonique et physique des personnes sous mesure de protection et leur famille, ainsi que des différents partenaires qui les entourent, tels que les assistants sociaux, les services de soins à domicile... Ses missions impliquent, en outre, le suivi des dossiers administratifs (CAF, Sécurité Sociale, mutuelle, remboursements...) et du renouvellement des droits de la personne protégée. De son côté, Aurélie Silvestre, se concentre sur l’aspect financier : la mise en œuvre de leurs projets de vie liés à la question financière, l’équilibrage de leur budget, la gestion de leur patrimoine, tout en restant vigilante aux droits à ouvrir. Elle assure également les rendez-vous avec les personnes protégées, le travail de partenariat, la mise en place de droits non ouverts et le respect de ces derniers.
Ces rôles très complémentaires des assistantes et des mandataires sont ainsi essentiels dans la gestion des dossiers, l’accompagnement de la personne protégée et la sauvegarde de leurs droits. Pour ces deux collaboratrices, tout l’enjeu est de s’assurer que les actions menées sont dans l’intérêt de la personne, qu’elles soient cohérentes avec sa situation et les besoins qu’elle peut manifester.
Le service 3A accompagne des majeurs protégés qui vivent aussi bien à domicile ou en famille qu’en foyers, y compris dans des structures de la MFI, comme les EHPAD ou les Instituts Médico-Éducatifs. Un lien qui permet parfois des passerelles lors de situations impérieuses, comme l’évoque Marie-Laure Capelli : « Nous avons eu plusieurs dossiers où il fallait mettre d’urgence une personne en EHPAD. La MFI nous a alors aidées et nous a ouvert la porte de ses établissements. »
Les mesures de protection sont, le plus souvent, mises en œuvre pour des personnes vulnérables en situation financière très juste et qui ont du mal à s’en sortir. Ce sont, en majorité, des personnes qui présentent des déficiences intellectuelles, mais aussi de plus en plus de personnes ayant des conduites addictives aux jeux, à l’alcool ou aux produits, avec parfois des situations d’endettement assez lourdes du fait de leur addiction, elle-même source de leurs désordres psychiques. Ces derniers temps, le service reçoit également un nombre croissant de mandats pour des personnes très âgées. Un public assez éclectique au final, avec aussi bien des jeunes de 18 ans que des personnes en fin de vie. « Il y a des personnes en mesure de protection qui vivent bien et longtemps, » déclare Aurélie Silvestre, avec un sourire.
Ce qui caractérise l’activité du service de tutelle ? Marie-Laure Capelli l’énonce sans détour : « L’absence de routine, car aucune mesure ne se ressemble ». Elle rapporte qu’à chaque nouveau mandat, c’est une situation différente, un contexte singulier et une nouvelle personne avec ses intérêts et ses projets de vie qui lui sont propres. Un quotidien qui ne laisse pas la place à l’ennui et la lassitude !
Le service de tutelle de la MFI suit environ 870 personnes, réparties sur tout le territoire isérois. Les mesures sont, tant que faire se peut, assignées entre les différents mandataires du service selon une répartition géographique. Ainsi, Aurélie Silvestre est principalement référente sur le secteur du plateau Matheysin, mais elle prend également en charge des mesures sur l’agglomération grenobloise. En tant que mandataire, elle se doit notamment d’être vigilante de rencontrer les personnes plusieurs fois dans l’année, dont au moins une visite à domicile. « Ces visites sont importantes parce qu’au sommet de notre mandat, il y a la protection du toit. C’est-à-dire que nous devons nous assurer que les personnes que l’on suit ont un toit. Malgré tout, ce n’est pas pour ça qu’on évite les situations où elles sont à la rue, malheureusement, » regrette-t-elle. Et Marie-Laure Capelli poursuit : « Les visites à domicile sont aussi utiles pour les personnes qui peuvent avoir des problèmes d’entretien du logement. Elles permettent de voir la situation et de proposer des solutions. »
Des visites qui, toutefois, ne sont pas toujours évidentes à organiser, car certains majeurs suivis ne souhaitent pas ouvrir la porte à leur mandataire. « J’accompagne un monsieur qui, au début, refusait que je vienne le voir. J’ai insisté et à partir du moment où je lui ai dit que je mettrai mes chaussons, il m’a dit "bon, d’accord, venez". Et maintenant il ne veut plus du tout se déplacer ici, il préfère que je vienne !, » raconte Aurélie Silvestre. « Et c’est amusant car cela a permis de faire plein de choses : il s’est autorisé à faire des demandes pour s’acheter des meubles et des équipements, parce qu’il avait pu me montrer ce qui lui manquait. »
En tant que référentes des mesures, Aurélie Silvestre et Marie-Laure Capelli restent très en lien avec les personnes vulnérables et leurs familles pendant toute la durée du mandat de protection. « Les mesures de protection font qu’on ne peut pas faire sans les bénéficiaires, » met en avant Aurélie Silvestre. « En tutelle, on peut à peu près, mais en curatelle on ne peut pas. » En effet, l'exercice des fonctions de mandataire nécessite d'informer la personne protégée sur les décisions à prendre et les actes à réaliser, tout en veillant à recueillir sa volonté et son consentement. Dès lors, l’objectif est de réussir à coordonner toutes les parties prenantes pour faciliter l’investissement de la personne dans sa vie quotidienne, qu’elle devienne ainsi « actrice de sa mesure ». Toutefois, l’isolement complexifie souvent la mise en œuvre des mesures, ainsi qu’en témoigne Aurélie Silvestre : « On le voit bien, les situations où on est en grande difficulté, ce sont celles où les bénéficiaires de la mesure de protection sont très isolés : des gens qui n’ont pas de famille, qui n’ont pas de services autour d’eux, qui peuvent vivre dans des coins reculés dans les montagnes et qui ne savent pas où se rendre pour recevoir de l’aide. »
Et pour cette déléguée mandataire, c’est contribuer au bien-être des personnes vulnérables et cultiver leur autonomie qui l’anime particulièrement : « Ce qui me plaît, c’est la façon dont on peut, avec notre outil, aider la personne à regagner en autonomie. C’est un outil qui est contraignant, mais qui permet d’aller vers une liberté plus sereine. J’apprécie de mettre en place des actions pour que la personne se sente bien. Et une fois qu’elle se sent mieux, qu’elle puisse se dire "je suis en capacité de reprendre des choses en main". »
En tant qu’assistante Marie-Laure Capelli suit les dossiers de deux déléguées mandataires, dont Aurélie Silvestre. Elle assure l’accueil téléphonique et physique des personnes sous mesure de protection et leur famille, ainsi que des différents partenaires qui les entourent, tels que les assistants sociaux, les services de soins à domicile... Ses missions impliquent, en outre, le suivi des dossiers administratifs (CAF, Sécurité Sociale, mutuelle, remboursements...) et du renouvellement des droits de la personne protégée. De son côté, Aurélie Silvestre, se concentre sur l’aspect financier : la mise en œuvre de leurs projets de vie liés à la question financière, l’équilibrage de leur budget, la gestion de leur patrimoine, tout en restant vigilante aux droits à ouvrir. Elle assure également les rendez-vous avec les personnes protégées, le travail de partenariat, la mise en place de droits non ouverts et le respect de ces derniers.
Ces rôles très complémentaires des assistantes et des mandataires sont ainsi essentiels dans la gestion des dossiers, l’accompagnement de la personne protégée et la sauvegarde de leurs droits. Pour ces deux collaboratrices, tout l’enjeu est de s’assurer que les actions menées sont dans l’intérêt de la personne, qu’elles soient cohérentes avec sa situation et les besoins qu’elle peut manifester.
La grande diversité des personnes accompagnées
« Ce qui caractérise l’activité du service de tutelle c’est l’absence de routine, car aucune mesure ne se ressemble. »
Marie-Laure Capelli, Assistante administrative
Le service 3A accompagne des majeurs protégés qui vivent aussi bien à domicile ou en famille qu’en foyers, y compris dans des structures de la MFI, comme les EHPAD ou les Instituts Médico-Éducatifs. Un lien qui permet parfois des passerelles lors de situations impérieuses, comme l’évoque Marie-Laure Capelli : « Nous avons eu plusieurs dossiers où il fallait mettre d’urgence une personne en EHPAD. La MFI nous a alors aidées et nous a ouvert la porte de ses établissements. »
Les mesures de protection sont, le plus souvent, mises en œuvre pour des personnes vulnérables en situation financière très juste et qui ont du mal à s’en sortir. Ce sont, en majorité, des personnes qui présentent des déficiences intellectuelles, mais aussi de plus en plus de personnes ayant des conduites addictives aux jeux, à l’alcool ou aux produits, avec parfois des situations d’endettement assez lourdes du fait de leur addiction, elle-même source de leurs désordres psychiques. Ces derniers temps, le service reçoit également un nombre croissant de mandats pour des personnes très âgées. Un public assez éclectique au final, avec aussi bien des jeunes de 18 ans que des personnes en fin de vie. « Il y a des personnes en mesure de protection qui vivent bien et longtemps, » déclare Aurélie Silvestre, avec un sourire.
Ce qui caractérise l’activité du service de tutelle ? Marie-Laure Capelli l’énonce sans détour : « L’absence de routine, car aucune mesure ne se ressemble ». Elle rapporte qu’à chaque nouveau mandat, c’est une situation différente, un contexte singulier et une nouvelle personne avec ses intérêts et ses projets de vie qui lui sont propres. Un quotidien qui ne laisse pas la place à l’ennui et la lassitude !
L’ensemble du département de l’Isère comme terrain d’action
Le service de tutelle de la MFI suit environ 870 personnes, réparties sur tout le territoire isérois. Les mesures sont, tant que faire se peut, assignées entre les différents mandataires du service selon une répartition géographique. Ainsi, Aurélie Silvestre est principalement référente sur le secteur du plateau Matheysin, mais elle prend également en charge des mesures sur l’agglomération grenobloise. En tant que mandataire, elle se doit notamment d’être vigilante de rencontrer les personnes plusieurs fois dans l’année, dont au moins une visite à domicile. « Ces visites sont importantes parce qu’au sommet de notre mandat, il y a la protection du toit. C’est-à-dire que nous devons nous assurer que les personnes que l’on suit ont un toit. Malgré tout, ce n’est pas pour ça qu’on évite les situations où elles sont à la rue, malheureusement, » regrette-t-elle. Et Marie-Laure Capelli poursuit : « Les visites à domicile sont aussi utiles pour les personnes qui peuvent avoir des problèmes d’entretien du logement. Elles permettent de voir la situation et de proposer des solutions. »
Des visites qui, toutefois, ne sont pas toujours évidentes à organiser, car certains majeurs suivis ne souhaitent pas ouvrir la porte à leur mandataire. « J’accompagne un monsieur qui, au début, refusait que je vienne le voir. J’ai insisté et à partir du moment où je lui ai dit que je mettrai mes chaussons, il m’a dit "bon, d’accord, venez". Et maintenant il ne veut plus du tout se déplacer ici, il préfère que je vienne !, » raconte Aurélie Silvestre. « Et c’est amusant car cela a permis de faire plein de choses : il s’est autorisé à faire des demandes pour s’acheter des meubles et des équipements, parce qu’il avait pu me montrer ce qui lui manquait. »
Conduire les personnes vulnérables vers l’autonomie et le bien-être
« Ce qui me plaît, c’est la façon dont on peut, avec notre outil, aider la personne à regagner en autonomie. C’est un outil qui est contraignant, mais qui permet d’aller vers une liberté plus sereine. »
Aurélie Silvestre, Déléguée mandataire judiciaire à la protection des majeurs
En tant que référentes des mesures, Aurélie Silvestre et Marie-Laure Capelli restent très en lien avec les personnes vulnérables et leurs familles pendant toute la durée du mandat de protection. « Les mesures de protection font qu’on ne peut pas faire sans les bénéficiaires, » met en avant Aurélie Silvestre. « En tutelle, on peut à peu près, mais en curatelle on ne peut pas. » En effet, l'exercice des fonctions de mandataire nécessite d'informer la personne protégée sur les décisions à prendre et les actes à réaliser, tout en veillant à recueillir sa volonté et son consentement. Dès lors, l’objectif est de réussir à coordonner toutes les parties prenantes pour faciliter l’investissement de la personne dans sa vie quotidienne, qu’elle devienne ainsi « actrice de sa mesure ». Toutefois, l’isolement complexifie souvent la mise en œuvre des mesures, ainsi qu’en témoigne Aurélie Silvestre : « On le voit bien, les situations où on est en grande difficulté, ce sont celles où les bénéficiaires de la mesure de protection sont très isolés : des gens qui n’ont pas de famille, qui n’ont pas de services autour d’eux, qui peuvent vivre dans des coins reculés dans les montagnes et qui ne savent pas où se rendre pour recevoir de l’aide. »
Et pour cette déléguée mandataire, c’est contribuer au bien-être des personnes vulnérables et cultiver leur autonomie qui l’anime particulièrement : « Ce qui me plaît, c’est la façon dont on peut, avec notre outil, aider la personne à regagner en autonomie. C’est un outil qui est contraignant, mais qui permet d’aller vers une liberté plus sereine. J’apprécie de mettre en place des actions pour que la personne se sente bien. Et une fois qu’elle se sent mieux, qu’elle puisse se dire "je suis en capacité de reprendre des choses en main". »