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Comme à la maison

Trois nouveaux PASA pour la MFI
 

Trois nouveaux Pôles d’Activité et de Soins Adaptés (PASA) ont ouvert leurs portes au sein des Résidences Mutualistes Pique-Pierre, Vigny-Musset et Claudette Chesne. Inaugurés les 15 et 19 mai derniers, ces espaces privilégiés permettent l’accueil des résidents atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre maladie neuro-dégénérative durant la journée.

 

Après la Folatière à Bourgoin-Jallieu en 2018 et l’Arche à Charvieu-Chavagneux fin 2021, trois nouvelles structures de la Mutualité Française Isère ont rejoint la famille PASA : les résidences Pique-Pierre à Saint-Martin-le-Vinoux, Vigny-Musset à Grenoble et Claudette Chesne à Eybens. 

 

Ces espaces aménagés sont conçus pour accueillir, tout au long de la journée, les résidents ayant des troubles du comportement, en leur proposant des activités sociales et thérapeutiques, individuelles ou collectives, afin de maintenir ou de réhabiliter leurs capacités fonctionnelles, leurs fonctions cognitives et leurs liens sociaux. Le tout en leur laissant au maximum la liberté et l’autonomie qu’ils pouvaient avoir avant d’intégrer la structure. Le nombre de résidents accueillis au sein du PASA est volontairement limité à 14 pour permettre à chacun d’entre eux de recevoir une attention spécifique adaptée à son histoire et à sa personnalité. 

C’est un lieu de vie particulier établi au sein du reste de la structure, censé reproduire au mieux un appartement classique, avec son coin salon, son coin repas, ses espaces de repos…

Conçu pour créer un environnement confortable, rassurant et stimulant pour les résidents, il offre un espace de vie sociale pour le groupe, notamment pour l’accueil des familles. Il peut également proposer un accès sur l’extérieur.

Pour qui ?

L’accueil dans le PASA est proposé aux résidents de la structure souffrant de la maladie d’Alzheimer ou autres maladies neuro-dégénératives, diagnostiquées selon l’inventaire neuropsychiatrique NPI-ES et nécessitant des activités de stimulations pour maintenir leur autonomie.

Autour du médecin coordonnateur, les équipes de l’établissement rencontrent les familles des résidents pour les informer de l’opportunité pour leur proche d’intégrer ce pôle afin d’optimiser son accompagnement thérapeutique et de renforcer son bien-être. Sur la base du volontariat, l’entrée dans le PASA se fait après la signature d’un accord par le résident lui-même ou un membre de sa famille ; une manière d’officialiser l’entrée en PASA, plus qu’un engagement obligatoire, puisque les participants restent libres de s’y rendre ou pas.

Du lundi au vendredi, les résidents quittent donc leur unité pour la journée, y compris le temps des repas, pour se rendre dans leur « nouvel appartement ».
 

Pour quoi faire ? 

 

Les PASA proposent des activités individuelles ou collectives. Le programme est élaboré sous la responsabilité du médecin coordonnateur. Il a pour objectif d’offrir un accompagnement spécifique et personnalisé en fonction des besoins des résidents, notamment pour faire diminuer les manifestations des troubles de l’humeur et du comportement.

Certaines activités sont proposées pour améliorer le bien-être et maintenir du lien social entre les résidents et leur famille. D’autres ont une visée thérapeutique pour travailler sur les capacités fonctionnelles, cognitives, sensorielles et sur les troubles du comportement.
On trouve par exemple des ateliers cuisine, des activités physiques, jardinage
, ateliers de stimulation de la mémoire, musicothérapie, art-thérapie, etc., selon les idées du référent PASA ou les envies des résidents. Des intervenants extérieurs peuvent également intervenir lors d’animations particulières.
 


Colocs ?

Au sein de la résidence Claudette Chesne à Eybens, Solange Menetrier s’est reconvertie en Assistante de Soin en Gérontologie avec l’ouverture du pôle. Rangée la blouse d’aide-soignante, il va falloir étoffer sa garde-robe, car comme elle le souligne, « le fait de ne plus forcément être identifiée comme “soignante” crée des liens privilégiés avec les résidents, mais également avec les familles. Sans blouse, il y a moins de distance, certains ne me reconnaissent pas, mais me voient aujourd’hui comme une nouvelle animatrice, dans un cadre privilégié, un cocon dédié détaché du médical. C’est surtout vrai pour les familles, qui ont tendance à culpabiliser de laisser un parent dans une structure classique. Qu’est-ce qu’il va faire aujourd’hui ? Est-ce qu’il ne s'ennuie pas ? Là, elles se disent “c’est bon, il est avec Solange, il va être occupé toute la journée”. Je suis un peu devenue la super-colocataire qui propose plein d’activités ».

 

Les retours semblent aussi très positifs chez le personnel de nuit, pour qui les résidents sont plus sereins en fin de journée, dorment mieux, et du coup appréhendent moins l’aspect des soins, qui peut parfois être angoissant pour certains.

L’idée du PASA est de reproduire au plus près ce qui se passe à la maison. Dans les unités classiques, faute de personnel, de temps, de moyens, les résidents sont beaucoup assistés dans leurs tâches. Dans le pôle, ils retrouvent certaines habitudes, certains réflexes qu’ils avaient de fait un peu perdus. Les résidents investissent réellement le lieu, ils sont « chez eux » et agissent comme ils le feraient chez eux.
 

« En PASA, pour les résidents, c’est comme à la maison, et à la maison, c’est à eux que revenait la tâche de faire les choses. Les repas par exemple. S’ils voulaient une ratatouille, il fallait bien couper les légumes, cuire, mettre la table, servir, débarrasser… Ici, c’est pareil, » résume Laetitia Conficconi, directrice de la résidence depuis 2013. « On est moins assisté que dans les services classiques. Ils sont encadrés, mais l’objectif est de faire soi-même au maximum. Vous voulez une ratatouille ? Eh bien, faites-la ! ». 



Même son de cloche du côté de la résidence Vigny Musset, qui inaugurait également son PASA ce 19 mai dernier. C’est Céline Bachelin, ex-directrice de l'établissement, qui a porté le projet jusqu’à son ouverture. Elle laisse entre les mains de la nouvelle direction un espace flambant neuf, avec la volonté d'y impliquer au maximum les participants :
« Le matin, les personnes sont accueillies dans la salle de restauration et de détente, puis se rendent dans la salle d’activité. Nous avons la chance d’avoir ces 2 lieux de vie séparés pour le PASA, reliés par un couloir, ce qui le fait encore plus ressembler à un véritable appartement. Nous avons créé un vrai T2 à l’intérieur de l’établissement, et les résidents ont bien intégré que ce lieu leur appartenait, ils sont chez eux, au même titre que leurs autres “colocs”. Ils apprennent à se connaître, à s’écouter, à s’aider pour certaines tâches, à partager l’espace ».



« C’est une forme de retour à la maison, c’est aussi pour ça que je travaille en civil. Il n’y a pas de blouse blanche à la maison, et l'Ehpad dans son ensemble est dans un projet d’approche domiciliaire » 

Sakina Chatain, Assistante de Soins en Gérontologie au sein de la résidence Vigny Musset


 

Avec quelques jours d’avance, le 15 mai dernier, c’est à Saint-Martin-le-Vinoux que les résidents de Pique-Pierre découvraient leur PASA. Ici, on a voulu une seule grande pièce ouverte avec notamment un espace cuisine moderne flambant neuf qui aurait largement sa place dans un magazine déco. Vitrines, hauteur de plan de travail, tout a été pensé pour favoriser l’autonomie. Pour Jean-Pierre Danger, à la tête de la structure : « Tous les PASA ne peuvent pas fonctionner de la même manière, nous devons adapter l’espace à la structure, à sa configuration, et surtout aux attentes des résidents. Ici, nous avons, dans un premier temps, privilégié l’espace cuisine ouverte. Les logements modernes sont pensés comme ça aujourd’hui, un espace qui inclut cuisine, salle à manger et pièce de vie ».

 

Si l’accent est mis sur un espace moderne et fonctionnel, les activités se délocalisent un peu partout dans l’établissement. Il ne s'agit pas d’isoler quelques « privilégiés » du PASA, mais bel et bien de redéfinir les contours de l’animation en structure. Tout en gardant leur aspect thérapeutique, les activités changent d’étages, impliquent le personnel des autres unités, ouvrant sur autre chose que la seule notion de soin. « Je voulais que le PASA s’intègre dans la structure, » complète le directeur de l’Ehpad. « Le dispositif nous a permis de doubler le temps d’activité, et l’idée est que cela profite à tous, aux participants, aux autres résidents, aux soignants… Un Ehpad, ce n’est pas juste des soins et quelqu’un qui vous sert la soupe. C’est de l’échange, du lien, de l’accompagnement, et le PASA offre le temps nécessaire à tout ça. » 
 

Et après ?

 

Au-delà de cette expérience qui, bien qu’à ses débuts, semble unanimement remporter les suffrages, que ce soit du côté des résidents, des familles ou des personnels intervenant dans le projet, c’est l’avenir de l’Ehpad qui est en jeu.

La mise en place de ce genre de dispositif n’est qu’un premier pas vers une nouvelle manière d’appréhender l’Ehpad. Dans un contexte de vieillissement démographique en France, avec une augmentation significative du nombre de personnes âgées, notamment celles de plus de 85 ans, il s’agira de privilégier le maintien à domicile plutôt que le placement en établissement spécialisé. 
En attendant, le PASA se présente comme une véritable alternative aux résidences « classiques », avant peut-être l'auberge espagnole version senior.